Orientation de l’agenda21 de Savigny-le-temple par Morgan CONQ, Maire-Adjoint chargé de son suivi
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« Madame le Maire, cher(e)s collègues, j’ai décidé ce soir, non pas comme de coutume, d’entrer dans les détails de la délibération mais d’élargir mon propos afin de valider les choix engagés par la municipalité depuis le lancement du premier Agenda 21 en date du 27 juin 2008, par délibération, et ceux à venir à travers les orientations prises dans le cadre du renouvellement de notre Agenda 21.

En partant d’un constat alarmant sur l’état de notre planète, il apparaît à nos yeux la nécessité d’agir, de redonner de l’espoir, de croire qu’il n’est pas trop tard, de se dire que les 6,3 milliards d’habitants, et bientôt les 9 milliards de personnes qui peupleront cette planète, puissent avoir accès à ce que nous, occidentaux, héritiers des civilisations précédentes, bénéficions aujourd’hui.

Seulement voilà, à l’heure actuelle si chaque être humain consommait autant de ressources qu’un européen moyen il faudrait déjà l’équivalent de deux planètes supplémentaires pour subvenir de manière durable aux besoins de l’humanité. C’est donc prioritairement à nous d’engager le processus inverse qui permettrait de rendre viables ces conditions de vie de manière plus équitable et plus durable. Il n’est évidemment pas question de revenir en arrière et d’abandonner toute notion de progrès, se chauffer au bois ou s’éclairer à la bougie, ironiseront certains, dont la conséquence morale et éthique nous a coûté cher en temps et en vies.

Quelques chiffres afin d’illustrer mes propos. Une personne déménage chaque seconde pour des raisons climatiques à l’heure actuelle, ce qui représente 32 millions de réfugiés climatiques par an. Les raisons climatiques sont nombreuses : inondations, moussons, sécheresse, cyclones, désertification, érosion des sols. Les prévisions sont encore plus dramatiques puisqu’elles envisagent 200 millions de réfugiés chaque année autour de 2050. Les conséquences économiques, sanitaires, environnementales de ces catastrophes dites naturelles sont également désastreuses. Une grande compagnie d’assurance allemande a évalué en 2012 le coût de ces catastrophes naturelles à plus de 160 milliards de dollars. Que de temps perdu depuis les premières données météorologiques il y a près de 50 ans.

Imaginez :

* 1979, première conférence mondiale sur le climat à Genève ;

* 1988, création du GIEC, Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat ;

* 1992, Sommet de la Terre à Rio de Janeiro ; il ressortira l’Agenda 21 ainsi qu’une liste de 2 500 recommandations d’actions pour le 21ème siècle avec pour objectif de stabiliser des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre ;

* 1997, deuxième Sommet de la Terre à New-York, qui fut un échec, les Etats-Unis refusant de réduire drastiquement les gaz à effet de serre émis par leurs usines polluantes ;

* 1997 toujours, adoption du protocole de Kyoto qui engage les principaux contributeurs au changement climatique à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % en moyenne.

Ce protocole ne sera définitivement ratifié que 8 ans plus tard, exception faite des Etats-Unis et de l’Australie.

Depuis les années 2000 de nombreux observateurs, experts, scientifiques, ont établi la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique et confirment la gravité des changements encourus avec la perspective d’une augmentation moyenne de 1,8°C à 4°C à la surface de la terre et la hausse du niveau des océans de près de 70 centimètres d’ici à la fin du siècle.

Il est établi également que 80 % des gaz à effet de serre sont émis par seulement une quinzaine de pays, dont la France. Je ne vous parle même pas des épisodes calamiteux de ces dernières années que constituent les conférences mondiales sur le climat, comme celles de Copenhague, Varsovie et Stockholm.

Le passé est là pour regarder en arrière de nos erreurs, l’avenir est là pour vous assurer que vous ne faites pas les mêmes. C’est pourquoi il est de notre responsabilité d’élus, de citoyens, à notre échelle, d’engager les changements nécessaires à partir de notre territoire. Quels sont nos leviers, nos moyens d’agir afin de préparer les conditions d’un avenir socialement, écologiquement et économiquement acceptable pour les êtres humains ?

La mise en œuvre d’Agendas 21 locaux sur nos territoires, est l’une des réponses, mais pas la seule bien sûr. Elle a en tout cas le mérite d’exister.

Nous nous sommes engagés collectivement, et ceux depuis longtemps sur Savigny-le-Temple, en faisant des choix audacieux. On peut citer la charte de l’environnement de Sénart en 1995, co-signée par les communes et l’intercommunalité, l’adoption d’un schéma directeur et d’un cahier des charges des liaisons douces en 1997, la signature de la charte régionale de la biodiversité et sa déclinaison au niveau local en 2004, la gestion différenciée des espaces publics en 2006, et bien sûr l’Agenda 21.

Nous avons fait nôtre cette célèbre formule de René Dubos : « Penser global, agir local ».

S’engager dans un processus global de réflexion tel que le propose l’Agenda 21 n’est pas chose simple, et à ce propos je tiens à remercier toutes les personnes qui ont œuvré à la réussite de ce projet, qui n’est qu’une étape, et en premier lieu Sophie LAURENT-DAVIOT qui est chargée de mission Agenda 21. Je disais que ce n’est pas chose simple car ce processus nécessite une recherche constante de transversalité, croisant les points de vue économique, social, culturel et environnemental. Autant dire que tous les élus sont et doivent être mobilisés sur ces enjeux.

Le processus de réflexion stratégique proposé dans l’Agenda 21 de Rio correspond à la mise en place, au niveau local, d’un projet collectif de développement durable. Il est de nature participative à l’échelle d’un territoire et se concrétise par la mise en œuvre d’un programme d’actions périodiquement évalué et mis à jour.

A l’heure actuelle nous en sommes à la validation, et c’est l’objet de la délibération de ce soir, de l’évaluation, du diagnostic et des orientations. Nous avons décidé, pour ce deuxième Agenda 21, de nous démarquer du précédent pour plusieurs raisons.

La première, je dirai qu’au regard du diagnostic réalisé il nous est apparu que la version 2010-2014 était certes ambitieuse mais qu’elle revendiquait un grand nombre d’actions pas toujours lisibles pour le grand public.

La deuxième raison, c’est le bon sens qui la dicte. En partant du bilan positif -puisque 83 % des actions ont été mises en œuvre et 70 % des objectifs majeurs ont été atteints- il a fallu admettre quelques échecs, et nous devons prendre appui sur ces échecs pour rebondir et engager des actions plus efficaces dans les domaines qui pèchent. A travers cette volonté d’efficacité nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il valait mieux planifier nos futures actions, et pour ce faire nous avons décidé d’étaler ce programme sous la forme de deux plans triennaux dans lesquels nous retrouverons des actions moins nombreuses, certes, mais plus fortes et plus efficaces.

La troisième raison est qu’il est toujours préférable de redonner une dynamique qui s’est peut-être essoufflée au bout de quatre années pleines. Nous allons, en quelque sorte, redonner une deuxième jeunesse à ce projet.

A la suite du diagnostic et au regard des actions qui n’ont pu être réalisées, trois orientations stratégiques nous ont paru essentielles :

* Première, mobiliser et responsabiliser les Savigniens, notamment les jeunes sur les enjeux du développement durable, notamment en renforçant l’expression de la démocratie locale ;

* Deuxième, améliorer la durabilité du territoire en termes d’aménagement et de gestion, de mobilité et de qualité de vie ;

* La troisième, renforcer l’exemplarité de la commune, de ses élus et de ses agents en matière de développement durable.

Pour y parvenir, trois exigences opérationnelles s’imposent :

* Améliorer les synergies des acteurs publics de la ville nouvelle ;

* Garantir à la démarche un caractère transversal, pragmatique et adaptable dans le temps, mettant en œuvre des actions concrètes, lisibles et utiles qui ne s’ajoutent pas aux autres projets ;

* Enfin, générer des économies de ressources naturelles, et donc optimiser les ressources financières sur l’ensemble du territoire via les pratiques des habitants et des acteurs locaux, dont la commune.

Et comme j’ai l’habitude de terminer sur une petite citation ou sur un proverbe, j’ai choisi un proverbe finnois dont vous trouverez la morale assez aisément et qui dit que « nul ne skie assez doucement pour glisser sans laisser de trace ». »

Morgan Conq
Morgan CONQ, Maire-adjoint délégué au développement soutenable et suivi de l’agenda 21