Morgan CONQ, Maire-adjoint:
Madame la Maire, Mesdames et messieurs, chers collègues,
Le débat de ce soir revêt une importance toute particulière puisqu’il s’agit du premier débat d’orientations budgétaires de la nouvelle mandature.
◊ Avant de nous intéresser au contexte local, il paraît nécessaire de comprendre ce qui se passe autour de nous. La crise que nous traversons est une crise internationale, multidimensionnelle et structurelle. L’actualité économique récente est chargée ! La victoire du parti Syriza en Grèce a marqué la faillite des politiques des mémorandums appliquées à ce pays, le caractère insoutenable de la dette publique grecque, l’urgence d’une politique « humanitaire », la nécessité de réformes structurelles, mais à l’opposé de celles de la Troïka.
Face au chantage à la dette qui commence d’ores et déjà à s’exprimer, il est essentiel de rappeler que les dettes insoutenables et illégitimes n’ont pas à être payées. Les renégocier est une condition nécessaire pour que l’Europe sorte de la crise écologique, sociale et démocratique dans laquelle elle s’enfonce depuis trop longtemps.
« Tous les pays européens devront, tôt ou tard, se résigner à effacer une partie de leur dette. Il faut la renégocier au-delà du seuil de 60 % du PIB pour de nouveau respecter les critères de Maastricht. Les créanciers, et donc les banques, devront évidemment consentir un effort important. Même les grands pays comme l’Allemagne et la France n’y échapperont pas. C’est le seul moyen de permettre aux États de la zone euro de relancer leur économie », expliquait en 2011 un certain Bernard Maris économiste talentueux parfois décrié pour ses prises de position anti-capitalistes et dont je veux rendre ici un hommage appuyé.
Il est temps de mettre fin à cette orthodoxie financière. Il est temps d’entendre la voix des peuples. Du reste, la question du caractère insoutenable de la dette publique ne concerne pas seulement la Grèce. Et je rappellerai que 77 % des fonds débloqués pour les « plans de sauvetage » de la Grèce sont allés à la finance.
La Banque centrale européenne se voit forcée de jouer les pompiers faute d’action de la part des dirigeants des états de la zone euro. Reste à espérer que cette intervention contrevenant à l’orthodoxie politique et économique de certains dirigeants européens, dont la chancelière allemande, n’arrive pas trop tard.
Tout en veillant à ne pas ne s’enfermer dans une course mystique à la croissance et en faisant le choix d’une politique ciblée d’investissements. Il n’y a aucun lien entre croissance et développement. Tout dépend du contenu de la croissance.
[ Non seulement les adversaires de la croissance ne sont pas les ennemis du développement, mais ils sont sans doute les meilleurs défenseurs de la civilisation, l’autre nom du développement. ]
Pour les écologistes, l’industrie de demain doit fonctionner de façon circulaire et éviter le gaspillage. Elle doit privilégier : l’économie du recyclage ou circulaire, l’économie de la fonctionnalité, l’économie de la réparation et l’écologie industrielle.
◊ Cette politique d’austérité a bien évidemment des conséquences au niveau national.
Selon des chiffres publiés par l’INSEE, après 6 années de crise, voici les réalités auxquelles nous devons nous confronter :
-le chômage de longue durée a explosé : sur près de 3 millions de chômeurs en France 40.2% sont des chômeurs de « longue durée » (un chiffre qui a augmenté de 56% en 4 ans).
-les bénéficiaires de minima sociaux se sont multipliés. Augmentation de 26 % du nombre de bénéficiaires du RSA socle.
Voilà la tragique réalité à laquelle nombreux de nos administrés sont confrontés.
◊ Au niveau local, les collectivités sont frappées également de plein fouet par cette cure d’amincissement forcée du fait de la diminution drastique des dotations de l’état.
Ces baisses réduisent les marges de manœuvre des collectivités locales, réduisant leurs actions et leurs investissements. Cette réduction des moyens pouvait être atténuée par des choix différents du gouvernement ; cela n’a pas été le cas, puisque le pacte de responsabilité proposé aux entreprises, est en fait un cadeau fiscal de plus qui n’a pas montré son efficacité et n’a toujours pas créé d’emploi. Ces choix nous ne les partageons pas et mettent nos finances locales en difficulté.
La baisse des dotations de l’État cumulée au coût des TAP (dont le coût résiduel pour Savigny est estimé à 450 000 euros /an) ne sera pas compensée par la fiscalité. Par conséquent il nous faut tailler dans le vif et faire des choix politiques douloureux. Ainsi, je veux mettre en lumière le travail de chacun des services à qui nous avons demander de diminuer les dépenses. Je rappelle, en outre, le choix fait par la ville d’emprunts à taux fixe ce qui nous permet de sécuriser les dépenses et de conforter la bonne santé de notre structure budgétaire.
Ceci dit, il est nécessaire de maintenir l’investissement pour préparer l’avenir. Et je tiens à saluer le choix audacieux de faire l’acquisition du domaine de la Grange la Prévôté. D’autres priorités ont eté actées comme la création d’un service jeunesse pour lequel il devenait urgent d’y remédier.
Je ne reviendrai pas sur ce qui a été exposé par Jacques sur les orientations générales en fonctionnement et en investissement mais simplement dire que nos choix budgétaires ont été dictés par le programme municipal sur lequel nous avons été élus et pour lequel nous nous sommes engagés. Enfin dire que, nous, écologistes, à un an de la COP 21, serons vigilants sur la nature des travaux entrepris pour une meilleure prise en considération de la nécessaire transition énergétique à laquelle notre société ne peut échapper.